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Des fois, on joue à se faire peur, on se dit que ce n'est pas possible des choses pareilles, et puis des fois, on regarde, abasourdi, estomaqué par le spectacle du tapis rouge qu'on déroule sous les pas d'une clône héréditaire, on en vient presque à numéroter ses abattis des fois que..., l'impossible est à nos portes, il frappe dur sur la tête, les leçons du passé tombés dans la trappe de l'oubli, les digues se rompent, le refrain jadis entonné par les réacs de tout poil dans les années 30 : "Plutôt Hitler que le Front populaire", vade mecum de toute compromission avec l'irréparable, est remouliné à la sauce du jour, les combats sont à relancer. Oui, j'ai voté Chirac en 2002, faudrait pas que sarkommence (1) ! En attendant, il faudrait songer à régler les affaires du monde... si on ne veut pas que ça nous pète en pleine figure. Il n'est plus temps de s'indigner.

 



CalmarCouvFiche_000.gifDans Calmar au sang, écrit à la fin des années 90, période où le RPR avait eu la tentation de s'allier au Front national pour gouverner certaines régions, j'avais anticipé un scénario, je vous livre deux extraits et la fin du bouquin :

 

[...]
Progressivement, le pays commençait à toucher le fond du trou qui marque le début de l'irréparable. En toute légalité électorale, la marée brune avait submergé les dernières digues pour envahir le pays dans ses moindres recoins. La peur hideuse, la peur de tout, des demains sans blé, et à propos de tout, surtout de l'autre, de l'inconnu, du différent, de l'étranger, du basané, du musulman avait fait son œuvre de sape ; aujourd'hui le fascisme ne rampait plus, il avançait à sale gueule découverte, les « gens d’en-bas », prolos, employés, fonctionnaires, boutiquiers, intellos, petits et grands bourgeois effrayés ayant rejoint les bataillons de la droite extrême. Les politicards les avaient devancés en plongeant leur cuiller dans la gamelle brune. Il est vrai que le capitalisme nous refaisait sa crise. Les pauvres en reprenaient plein les dents comme toujours. Les affamés du Sud montaient à l'assaut des frontières reconstituées. Le pays avait retrouvé son vieux Franc. On avait mis des muselières sur les grandes gueules de la presse. On avait raffûté le couperet de la guillotine. On avait expurgé les bibliothèques publiques de tous les auteurs déviants et crime impardonnable pour Azraël : ils avaient osé virer des rayons toutes les œuvres de Jules Vallès. Enfin, la machine à bourrer les têtes, la télé, était aux mains du Parti unique.
[...]

 

[...]

 Le vieil anarchiste l'encourageait souvent, persuadé qu'il fallait tirer dans le tas sans sourciller avant que les fachos d’en face n’agissent de même :
— Sois sans pitié, petit frère !  Trop de mollesse, trop d’erreurs, trop d’indiscipline, trop de compromis. Tire le premier, petit frère, c’est un combat sans merci.
L’espingo avait la recommandation saignante.

 

[...]

 Le Calmar enfoui dans ses pensées murmura :
Ka si bno mnil ter aki ka ci ndba ! (2)
En prêtant l'oreille Lilas lui demanda :
— Qu'est-ce que tu dis ?
Les yeux perdus dans le vide, Azraël répondit à voix basse :
— Je pense...
— A quoi ?
— Rien !... Si ! Qu'il faut couper les couilles à la hyène... la bête immonde.

 

-o-


(1) Emprunté au titre de l'ouvrage qu'Antoine Blocier et Vadim Lardet vont faire paraître chez Krakoen avec une couverture de Charb.

 

(2) Si la hyène te sourit, ne va pas lui serrer la main.

 

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Tag(s) : #Des fois - ça me démange...
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